samedi 20 septembre 2008

"Pile, je gagne/Face, tu perds"


La confidence est d'Alan Greenspan, l'ancien président de la FED (Réserve fédérale américaine) : "Je n'ai jamais rien vu de pareil. Et ce n'est pas fini".

Ce que l'on appelle aujourd'hui la crise des subprimes n'est en réalité que la faillite du système financier international. 2,5 millions d'américains ont perdu leur logement et plus grave encore pour le reste du monde, 280 établissements de crédit sont au tapis.

Quand les Etats-Unis s'enrhument, c'est toute l'Europe qui éternue ! La chute du géant Lehman Brothers qui cumule pas moins de 615 milliards de dollars d'engagements envers d'autres établissements laisse poindre le pire. La planète financière implose et ce pour deux raisons.

1. D'abord, la crise financière qui secoue le monde actuellement trouve ses racines dans le capitalisme lui-même.
Les auteurs convergent pour définir le capitalisme à travers deux éléments : la propriété privée des moyens de production et le cantonnement du rôle de l'Etat à ses fonction régaliennes (police, armée, justice, émission de la monnaie). Il semble toutefois possible d'en ajouter un troisième, à savoir la recherche du profit, plus précisément la quête vers toujours plus de profit.

Par ailleurs, le capitalisme actuel (que certains appellent néocapitalisme) est fondé sur la notion de risque, matérialisé par le surendettement des ménages. La donne est donc intrinsèquement claire. Les financiers créent des produits pour constituer des profits au risque d'une dangereuse volatilité. A ce jeu, les Européens sont moins aventureux que les américains, mais les établissements financiers du vieux continent contribuent au financement du surendettement des ménages américains par la titrisation. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que le système finisse par imploser, plongeant ainsi les ménages les plus modestes dans des situations critiques, pendant que les grands dirigeants bancaires se rémunèrent grassement à hauteur de 90 milliards de dollars.

2. Conjointement à cette faille inhérente et inéluctable du capitalisme, la crise financière actuelle trouve sa source dans l'absence de régulation à l'échelle internationale. Ainsi, dire que le capitalisme n'est soumis qu'aux lois de la jungle n'est pas qu'une caricature. La capitalisme d'Etat a fait place à un capitalisme transnational, lequel ne peut être régulé en l'absence de véritable gouvernance mondiale. Les changements mathématiques du capitalisme (internet, rapidité des échanges) appellent pourtant l'intervention du politique. Celle-ci s'opère parfois au niveau national (ex des Etats-Unis avec AIG), mais d'autres fois, elle se heurte à des résistances juridiques notamment comme au sein de l'UE. La ministre de l'économie française précisait récemment que pour effectuer une opération similaire à celle de l'administration américaine avec le géant de l'assurance AIG, il faudrait remplir pas moins de 22 000 documents. Pour preuve, le premier ministre luxembourgeois M. Juncker, ne cachant pas son impuissance face à la crise actuelle, a reconnu que les possibilités d'intervention de l'eurogroupe était limitées...

Cette crise économique s'inscrit de plus, dans un contexte géopolitique tendu, lequel fait apparaître la perspective d'une nouvelle guerre froide. Tout aussi inquiétant, on sait que les grands conflits mondiaux et l'arrivée au pouvoir des partis fascistes ont été largement influencés par les circonstances économiques et financières.

Une question me taraude : sommes-nous en 1929 ?