mardi 8 mars 2011

L'UE persiste dans sa stratégie d'apauvrissement des nations...

BRUXELLES SOUHAITE CONTROLER LE COUT DU TRAVAIL DANS CHAQUE ETAT MEMBRE - La Tribune du 7 mars 2011



L'UE va surveiller les coûts des salaires dans chaque Etat membre dans le cadre de sa politique économique, déclare le commissaire européen aux Affaires monétaires, Olli Rehn, dans une interview publiée ce lundi par le Handelsblatt. "A l'avenir, nous contrôlerons régulièrement l'évolution du coût unitaire du travail dans chaque Etat membre. Ce sera un élément clé de la politique économique de l'Union européenne", déclare le commissaire Olli Rehn dans le quotidien économique allemand.

Selon un document européen préparé en vue du sommet des dirigeants de la zone euro du 11 mars, l'évaluation des progrès de chaque pays en matière de compétitivité doit désormais reposer sur l'évolution des salaires et de la productivité.

Le document, rédigé par les assistants des présidents de la Commission, José Manuel Barroso, et du Conseil européen, Herman van Rompuy, précise que le coût unitaire du travail devra être mesuré et comparé à ceux des autres pays de la zone euro et de leurs partenaires commerciaux.

Olli Rehn confirme dans son interview que la politique salariale des Etats jouera un rôle de premier plan dans le pacte de compétitivité et souligne l'importance de maintenir un lien entre salaires et productivité. "L'idéal serait d'autoriser, dans le cadre général des grilles salariales collectives, des accords décentralisés sur les salaires qui seraient basés sur l'évolution de la productivité des entreprises", dit-il.

Plusieurs pays, dont l'Autriche, ont exprimé des réserves à l'idée d'une supervision européenne de leurs politiques salariales.

mercredi 2 mars 2011

Et si les néoconservateurs avaient raison... de Jacques ROLLET (Le Monde, 2 mars 2011)


Une telle suggestion - les néoconservateurs auraient eu raison - ne peut susciter en France qu'ironie et indignation ; elle est proportionnée au scepticisme quant à la valeur de la démocratie au sein de la classe politique française et des politologues spécialistes de l'étude des relations internationales, qui se caractérisent par leur mutisme et leur absence de véritable théorisation.

On a en effet beaucoup glosé en France sur les néoconservateurs américains tels que Robert Kagan, Irving et Bill Kristol, Paul Wolfowitz, Francis Fukuyama. On les a accusés d'être de pauvres idéologues, ignares, propagandistes de l'impérialisme américain. La réception en France de l'ouvrage majeur de ce dernier, La Fin de l'histoire et le dernier homme (Flammarion, 1992), est particulièrement typique. Il est courant aujourd'hui encore d'entendre des intellectuels et des journalistes français déclarer que l'ouvrage est stupide puisque l'histoire ne s'est pas arrêtée, qu'il y a eu le 11 septembre 2001, etc.

C'est n'avoir rien compris à cet ouvrage magnifique qui unit comme jamais la science et la philosophie politiques. S'appuyant sur Hegel et sa relecture par Kojève, Francis Fukuyama dit tout simplement que l'histoire politique est désormais normée par la démocratie fondée sur les droits de l'homme et l'économie de marché. Il ne pense évidemment pas qu'il n'y aura plus d'événements, de soubresauts, de contestation de la démocratie ; il affirme que la démocratie est devenue la norme même pour ceux qui s'y opposent, tels les islamistes qui la prennent pour référence, quelque fureur qu'ils en conçoivent.

Même si les néoconservateurs américains, comme le dit justement Justin Vaïsse, ont fait preuve d'arrogance et de paresse intellectuelle lors de la deuxième guerre d'Irak (voir son ouvrage : Histoire du néoconservatisme aux Etats-Unis, Odile Jacob, 2008), il n'en reste pas moins qu'ils ont déployé une authentique philosophie politique selon laquelle la démocratie est un bien qu'il faut propager sans arrière-pensées et sans réserves nées de la realpolitik.

On peut consulter sur le messianisme de cette vision les travaux d'universitaires (à titre d'exemple, Sébastien Fath) et de journalistes français. N'oublions pas que Bill Clinton déclarait en 1999 : "Les Etats-Unis ont l'opportunité, et je dirais, la responsabilité solennelle de modeler pour le XXIe siècle un monde plus paisible, plus prospère, plus démocratique." Les Américains, avec tous leurs défauts, ne sont pas seulement matérialistes comme le pense le cynisme français ; ils sont également idéalistes comme nous ne le sommes pas suffisamment.

Il est notable à cet égard de constater avec regret le silence et la peur des experts tels qu'Hubert Védrine, devenu sur France Culture le grand spécialiste des relations internationales, alors même que les peuples tunisien et égyptien nous montrent le désir de démocratie dans le monde musulman. Ils sont désormais suivis au Yémen, à Bahreïn, en Libye et des mouvements se développent au Maroc et en Algérie. Hubert Védrine est intervenu déjà quatre fois dans sa nouvelle chronique du vendredi matin sur France Culture et au terme de ces émissions sous forme d'interview, on ne sait pas ce qu'il pense et propose véritablement, si ce n'est qu'il faut être prudent et réaliste...

Les politologues français spécialistes des relations internationales se caractérisent souvent par une grande pauvreté en termes de théorie, pauvreté due à l'absence d'une véritable philosophie politique, exclue en France, de la science politique. La question n'est pas académique ou anecdotique. Les nombreux travaux de philosophie politique depuis une vingtaine d'années n'ont pas changé la vision sceptique de la classe politique française concernant la démocratie.

Il se trouve que Leo Strauss a montré dans Qu'est-ce que la philosophie politique ? (PUF, 1992) qu'une science politique qui ne veut pas poser la question du meilleur régime est un néant de science ! Il en va de même pour les acteurs politiques quand ils se contentent de se dire réalistes.

Si donc la démocratie est le meilleur régime ou le moins mauvais, elle est valable pour tous les peuples et pas seulement pour les Occidentaux. Il est vrai qu'il faut analyser les conditions de son établissement selon l'état d'avancement des cultures et des économies, mais il faut vouloir cet établissement.

Le monde de culture musulmane ne doit pas être tenu à l'écart, ce qu'établissent les Tunisiens et Egyptiens avant d'autres au Moyen-Orient ou au Maghreb. La présence de mouvements islamistes n'est pas une raison valable pour les décourager.

Il y aura des luttes, des contradictions apportées à la démocratie, qui finiront par en établir la vérité humaine, incontestable. Notons à cet égard que les "révolutionnaires" qui se manifestent depuis un mois ne font pas appel à l'islam pour justifier leurs révoltes. Ils demandent d'être reconnus dans leur dignité d'hommes et de femmes.

Il est clair en effet que l'Etat de droit et les droits de l'homme définissent les limites du pouvoir souverain et que le devoir d'ingérence humanitaire théorisé par Mario Bettati et Bernard Kouchner ne peut être que récusé. Rappelons enfin que la liberté est toujours un surgissement, une création, une naissance, comme l'a admirablement écrit Hannah Arendt, récusant par là la pensée déterministe, mortifère pour la science politique dominée par les disciples intempestifs de Pierre Bourdieu.


Ouvrage : "Religion et politique, le christianisme, l'islam, la démocratie" (Grasset, 2001).
Jacques Rollet, politologue, université de Rouen

mardi 1 mars 2011

Comment concilier vie privée et vie professionnelle ?

http://www.ted.com/talks/view/id/1069

Les sous-titres en français peuvent être rajoutés sur la vidéo.

Bonne lecture !